L’enfer colombien pour les singes : des années d’expérimentations apparemment illégales dévoilées
Des animaux vivant dans leurs propres déchets. Des souris livrées au cannibalisme. Des années d’expériences apparemment illégales sur des singes. Une enquête de PETA États-Unis a mis au jour des preuves choquantes de cruauté dans un laboratoire colombien.
Ce laboratoire fait partie d’un « consortium » appartenant à un couple marié, qui a fondé une de ses entreprises biomédicales en s’installant avec ses trois enfants – tous mineurs, le plus jeune n’ayant que 12 ans à l’époque – comme seuls membres du conseil d’administration. Selon les autorités colombiennes, le couple semble avoir utilisé des singes à des fins expérimentales pendant une décennie sans les autorisations requises et n’a jamais été autorisé à les élever.
Les preuves obtenues à partir de demandes de dossiers publics et les témoignages de 11 anciens employés, recueillis dans le cadre de l’enquête de PETA États-Unis, montrent que des singes capturés dans la nature ont été utilisés pour l’expérimentation et la reproduction dans l’établissement, potentiellement de manière illégale. L’association a également découvert d’horribles violations des lois sur le bien-être animal, des pratiques commerciales douteuses, ainsi que de prétendus travaux scientifiques de mauvaise qualité et des manipulations de données dans deux des entreprises du couple, le Caucaseco Scientific Research Center (Caucaseco) et le Malaria Vaccine and Drug Development Center (MVDC) à Cali, en Colombie.
L’enfer colombien contourne apparemment les exigences concernant l’expérimentation sur les singes
Une inspection effectuée le 24 novembre 2021 par une agence environnementale de l’État a montré que le « centre pour primates » dans lequel les singes étaient enfermés n’était en fait rien d’autre qu’un enclos improvisé constitué d’une clôture en grillage surmontée d’un treillis de construction et recouverte de bâches en plastique.
Il n’y avait pas de fenêtres. Pas de ventilation. Les cages étaient couvertes d’excréments et de moisissures. L’inspecteur a constaté que les singes étaient nourris de croquettes pour chiens trempées dans de l’eau sucrée, et qu’il n’y avait aucune trace d’ajustement de leur régime alimentaire en fonction de leurs besoins individuels ou de leur âge. Selon le rapport d’inspection que PETA États-Unis a obtenu, les singes recevaient un supplément minéral pour humain chaque semaine.
Il n’y avait pas de vétérinaire parmi le personnel et aucun dossier médical n’était réalisé, même si certains singes souffraient de perte de poils et présentaient une posture corporelle anormale.
Il n’y avait qu’une seule pièce pour effectuer les autopsies et les procédures médicales, telles que la suture et le nettoyage des blessures des singes – une pièce qui était probablement à peine utilisée, puisque, selon d’anciens employés, les singes étaient souvent laissés à mourir de leurs blessures infectées. Seuls trois rapports d’autopsie ont été mis à la disposition de l’inspecteur, et aucun d’entre eux n’était signé par un vétérinaire. Bien que les rapports indiquent que les organes et les tissus ont été envoyés pour une analyse pathologique, un employé a affirmé que cela n’a pas eu lieu, car « il n’y a pas de ressources pour faire ce type d’analyse ».
Des témoins racontent…
D’anciens employés dépeignent un tableau morbide des conditions de vie des singes, déclarant, entre autres atrocités, que les animaux étaient souvent exposés aux éléments car le treillis de construction se déplaçait en cas de mauvais temps. Des témoins oculaires ont indiqué que les singes n’étaient pas correctement protégés et que des chats locaux se promenaient librement dans les enclos, exposant les singes à des maladies telles que la toxoplasmose.
Les cages rouillées des singes n’étaient jamais nettoyées, selon les témoins. Les employés se contentaient de rincer les plateaux à l’eau pour éliminer les fèces. La zone sentait fortement l’urine et les excréments. Des rats, des serpents, des cafards et d’autres insectes étaient souvent vus près des enclos, et de hautes herbes l’entouraient.
D’anciens employés rapportent qu’aucun registre n’était tenu pour aucun des singes. Seuls quelques-uns des animaux étaient équipés d’une puce électronique, qui ne contenait qu’un numéro indiquant le sexe de l’animal.
Les témoins ont déclaré qu’il n’y avait aucun moyen de savoir si les singes avaient été utilisés dans des expériences – une information de base.
Des souris réduites au cannibalisme
L’établissement hébergeait également des souris, et d’anciens employés affirment que, les mâles et les femelles n’étant pas séparés, la population de souris a explosé pour atteindre 700 animaux entre l’été et l’automne 2021. En conséquence, jusqu’à 30 souris étaient entassées dans des boîtes conçues pour un maximum de cinq. Les souris n’avaient pas assez d’eau et, selon des témoins, certaines ont eu recours au cannibalisme.
Les propriétaires auraient ordonné que plus de la moitié des souris soient tuées. Selon les déclarations obtenues par PETA États-Unis, en l’absence de protocoles d’euthanasie appropriés, on a demandé aux employés de placer les souris dans un aquarium avec des boules de coton imbibées de chloroforme jusqu’à ce qu’elles s’endorment. Ensuite, selon d’anciens employés, ils tuaient les souris en tirant en même temps sur leur tête et leur queue, ce qui leur brisait la moelle épinière.
De possibles captures illégales de singes
Le dossier des propriétaires concernant l’obtention de l’autorisation nécessaire pour piéger les singes est inégal, ce qui laisse penser qu’il est possible qu’ils les enlèvent illégalement de leurs habitats dans les forêts colombiennes. Selon un ancien employé, « Quand ils ont dit qu’il y avait eu une naissance en captivité, c’était un mensonge. Ce n’était pas qu’un bébé était né – c’était qu’un bébé avait été capturé ».
Ce que vous pouvez faire
Cet enfer n’est qu’un exemple de plus de la cruauté et de l’opacité de l’industrie de l’expérimentation animale. Agissez contre tous les tests sur les animaux en signant notre pétition pour soutenir le Research Modernisation Deal de PETA.