LVMH et Hermès interpellés sur les peaux exotiques à leurs AG par des « serpents ensanglantés »
Le 20 avril 2023
LVMH et Hermès interpellés sur les peaux exotiques à leurs AG par des « serpents ensanglantés »
PETA a perturbé l’assemblée annuelle de LVMH, protesté et posé des questions aux dirigeants au sujet du sort des animaux torturés pour la mode
Paris – Alors que de nombreux grands créateurs ont abandonné les peaux exotiques, LVMH et Hermès se bornent à vendre des items en ces matières cruelles et les défenseurs des animaux ne lâchent pas l’affaire. À l’occasion des assemblées générales des deux groupes de luxe tenues à Paris ce jeudi 20 avril, des représentants de PETA États-Unis – qui est actionnaire du groupe depuis 2017 – ont ciblé les événements pour appeler les deux maisons à cesser de soutenir ce commerce sanglant.
À l’assemblée générale de LVMH à Paris, une représentante a tenté de poser une question à Bernard Arnault, l’appelant à mettre fin à son utilisation de peaux exotiques, mais, exclue de la salle principale, elle a protesté devant la salle, costumée en « serpent » ensanglanté, informant les actionnaires de la manière dont les serpents et autres reptiles sont torturés pour que leurs peaux finissent en accessoires de luxe. À l’extérieur, des militantes ont brandi un « serpent mort » et une pancarte où l’on pouvait lire « Peaux exotiques, stop au massacre ».
Une photo de l’action est disponible ici.
La question – soumise au groupe en amont de l’assemblée – se concluait par : « Monsieur Arnault, dans votre dernier rapport sur la responsabilité sociale et environnementale, vous avez déclaré que « le succès ne vaut que s’il est vertueux », mais il n’y a rien de vertueux à la cruauté systémique et l’exploitation des animaux pour la fabrication de vos sacs. Quand LVMH tiendra-t-il sa promesse de « forger une nouvelle alliance entre LVMH et la nature » en supprimant la fourrure et les peaux exotiques de ses futures collections ? ».
Au même moment un représentant de PETA États-Unis assistait à l’AG d’Hermès, brandissant un porte-documents en cuir de pomme pour montrer à quel point il est facile de passer à des matières luxueuses éthiques et écologiques. Il a pris Axel Dumas à partie sur son affirmation « scandaleuse et totalement fausse que les fermes Hermès contribuaient à la sauvegarde d’espèces de crocodiles en voie d’extinction et du rétablissement de la biodiversité ». Une photo du représentant de PETA États-Unis posant une question à l’AG d’Hermès est disponible ici.
Une enquête de PETA Asie tournée dans deux abattoirs indonésiens qui approvisionnent LVMH montre des serpents gonflés d’eau, frappés à la tête avec des marteaux et dépecés au rasoir alors qu’ils sont vraisemblablement encore conscients. Des enquêtes – dont une vidéo de l’association australienne Kindness Project, tournée dans des élevages intensifs appartenant à Hermès – dévoilent toute l’horreur que subissent les reptiles confinés, charcutés et tués pour leurs peaux. On y voit des crocodiles parqués à l’étroit dans des enclos et cages lugubres, traînés, mutilés et poignardés avec un tournevis.
PETA, dont la devise dit notamment que « les animaux ne nous appartiennent pas et [que] nous n’avons pas à les utiliser pour nos vêtements », rappelle qu’il faut les peaux de trois crocodiles pour confectionner un seul sac à main Hermès, et que chaque article en cuir exotique provient d’un animal intelligent et sensible qui a subi la misère d’un confinement intensif et des souffrances inimaginables avant d’être violemment abattu.
Le texte complet des questions soumises à LVMH et à Hermès se trouvent ci-dessous. Pour plus d’informations, rendez-vous sur PETAFrance.com ou suivez les dernières actualités de l’association sur Facebook, Twitter ou Instagram.
Contact :
Anissa Putois ; [email protected]
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Le texte complet de la question soumise à LVMH en amont de l’AG se trouve ci-dessous :
Bonjour, j’ai une question à vous poser au nom de PETA.
Dans sa charte d’approvisionnement en matières d’origine animale, LVMH fait des déclarations non fondées sur ses normes de bien-être animal élevées et sur son respect des populations locales, de l’environnement et de la biodiversité.
Les affiliées de PETA ont révélé à de nombreuses reprises l’abjecte cruauté inhérente aux chaînes d’approvisionnement en peaux exotiques de LVMH. Les animaux des fermes à fourrure passent toute leur vie confinés dans des enclos exigus et insalubres, avant d’être violemment abattus et écorchés. Les enquêteurs ont constaté que les employés des abattoirs indonésiens qui approvisionnent LVMH frappaient les serpents à la tête avec des marteaux, les gonflaient d’eau et les écorchaient, sans doute alors qu’ils étaient encore conscients. D’autres enquêtes sur la chaîne d’’approvisionnement de la marque ont révélé que des employés au Viêt Nam enfonçaient des tiges métalliques dans la colonne vertébrale de crocodiles alors qu’ils étaient encore vivants, et que des travailleurs en Afrique du Sud manipulaient violemment de jeunes autruches et les égorgeaient.
L’Asie du Sud-Est, où LVMH se fournit en reptiles pour ses sacs, présente l’un des taux de déforestation les plus élevés, bien que la marque affirme vouloir éviter de s’approvisionner dans des zones où le risque de déforestation est très élevé.
Des recherches scientifiques suggèrent que l’industrie indonésienne de la peau de serpent n’est pas durable et que les crocodiles font désormais partie des espèces les plus menacées. Les fermes d’élevage de crocodiles ne contribuent en rien à la conservation ni à la biodiversité locale.
Monsieur Arnault, dans votre dernier rapport sur la responsabilité sociale et environnementale, vous avez déclaré que « le succès ne vaut que s’il est vertueux », mais il n’y a rien de vertueux dans la cruauté systémique et l’exploitation des animaux pour la fabrication de vos sacs. Quand LVMH tiendra-t-il sa promesse de « forger une nouvelle alliance entre LVMH et la nature » en supprimant la fourrure et les peaux exotiques de ses futures collections ?
Le texte complet de la question posée à Hermès se trouve ci-dessous :
Bonjour, j’ai une question à vous poser au nom de PETA.
Hermès fait des déclarations trompeuses sur ses normes prétendument élevées en matière de traitement éthique des alligators, des crocodiles et des autruches qu’elle tue pour ses sacs. Pourtant dans les élevages industriels, les crocodiles passent généralement leur vie confinés dans des enclos en béton et de petites cages grillagées. Ces conditions sont si stressantes et déplorables que près de 30 % des jeunes peuvent mourir dans les dix mois suivant leur éclosion. Ceux qui survivent sont électrocutés, abattus ou poignardés au tournevis, parfois alors qu’ils sont encore conscients.
Lors de la dernière assemblée, M. Dumas a affirmé de manière scandaleuse et totalement fausse que les fermes Hermès contribuaient à la sauvegarde d’espèces de crocodiles en voie d’extinction et du rétablissement de la biodiversité. Les populations de crocodiles en Australie se sont reconstituées dans la nature grâce à leur désignation comme espèce protégée en 1974, et non grâce à l’élevage, ce que reconnaît même l’Association internationale des éleveurs de crocodiles, partenaire d’Hermès. Hermès sait que les élevages de crocodiles n’aident en rien la biodiversité locale – l’élevage de crocodiles est notablement absent de sa liste d’initiatives environnementales.
Hermès a lamentablement échoué dans son apparente volonté de mener ses activités dans le respect de l’environnement et de l’éthique. Outre l’horrible cruauté, la production et le transport de peaux exotiques provenant de pays comme l’Australie et l’Afrique du Sud génèrent d’importantes émissions de gaz à effet de serre. Hermès doit prendre la décision cruciale de retirer les peaux exotiques de ses futures collections si elle veut atteindre ses objectifs de développement durable et d’éthique. Quand Hermès prendra-t-elle cette mesure ?