« The Greatest Showman » : une réalité cruelle et raciste passée sous silence
The Greatest Showman sort dans les salles de France aujourd’hui. Il s’agit d’une comédie musicale qui relate une version assainie de la vie de P.T. Barnum, créateur du cirque Barnum & Bailey et incarné à l’écran par Hugh Jackman et omettant bon nombre de faits sordides. Le film, qui rend hommage à un homme à l’origine de plus d’un siècle de pratiques cruelles envers les animaux (capture, maltraitances, privation de soins), fait en outre l’impasse sur certains détails essentiels et dresse un portrait élogieux d’un individu qui a passé sa vie entière à exploiter tous les êtres vivants qui ont eu le malheur de croiser son chemin : animaux enfermés et dressés dans la violence, Afro-américains et personnes handicapées exhibés pour le profit. Pour couronner le tout, il considérait les visiteurs de son cirque comme des personnes naïves dont il pouvait profiter.
P.T. Barnum a acheté et exploité des Afro-américains de la pire des façons.
Dans son livre Topsy: The Startling Story of the Crooked-Tailed Elephant, P. T. Barnum, and the American Wizard, Thomas Edison, Michael Daly explique que Barnum a acheté Joice Heth, une Afro-américaine handicapée, qu’il présentait comme la nourrice âgée de 161 ans de George Washington (non, ce n’est pas une blague) : « Il s’agissait d’un être humain, mais un être humain Afro-américain, que l’on pouvait donc acheter et vendre dans les états esclavagistes comme on aurait pu le faire avec un éléphant, mais pour moins cher. »
« La plus grande curiosité naturelle et nationale du monde Joice Heth », vers 1835
P.T. Barnum aurait acheté Joice Heth pour 1 000 dollars, engrangeant au bas mot 1 500 dollars par semaine en l’exhibant sur scène. À sa mort, P.T. Barnum a eu l’idée d’organiser une autopsie publique. Près de 1 500 personnes ont déboursé 50 cents chacune pour observer un chirurgien ouvrir sa dépouille (et constater par la même occasion qu’elle n’était finalement pas âgée de plus de 80 ans).
Autre preuve de son racisme, P.T. Barnum avait pour habitude de se peindre le visage en noir avant d’interpréter des chants d’esclaves sur scène. En outre, il forçait des artistes noirs à se ridiculiser pour divertir son public blanc.
Il a fait fortune en exploitant les handicaps physiques des autres.
Parmi les autres « spectacles » imaginés par P.T. Barnum figurait également l’exhibition d’un homme atteint de microcéphalie, enfermé dans une cage et présenté comme « le chaînon manquant entre l’homme et le singe » sous une pancarte portant l’inscription « What is it? » (« Quelle est donc cette créature ? »).
Sur la scène du cirque se sont également succédé les frères siamois Chang et Eng Bunker, ainsi que son propre cousin éloigné, un nain haut de 60 centimètres qu’il avait surnommé « General Tom Thumb » (Général Tom Pouce). Michael Daly explique : « Tom Pouce a été à l’origine des 20 millions des 82 millions de billets vendus par Barnum au cours de sa carrière ».
Il était instigateur de la cruauté des cirques américains.
Barnum a affrété un navire et organisé une expédition au Sri Lanka dans le but d’arracher des éléphants à leur milieu naturel et à leur famille. Neuf pachydermes, dont un bébé, ont ainsi été capturés et chargés de force sur le navire, et ont voyagé pendant quatre mois sans pouvoir respirer à l’air libre ni faire le moindre pas. Un éléphant serait d’ailleurs mort pendant la traversée.
Pour dresser les éléphants, Barnum avait imaginé une méthode particulièrement atroce consistant à insérer un tisonnier brûlant dans leur trompe. Il était également connu pour les faire hurler de douleur en les frappant avec un bâton surmonté d’un crochet pointu – un instrument encore aujourd’hui utilisé pour maltraiter les animaux.
D’une façon ou d’une autre, P.T. Barnum a trouvé le moyen d’acheter deux bélugas, qu’il a enfermés dans un bassin installé dans le sous-sol de son musée new-yorkais. Sans surprise, les animaux n’ont pas survécu plus de deux jours.
En dépit du fait que le réalisateur ait fait usage d’effets spéciaux numériques au lieu d’animaux vivants pour le tournage – ce dont nous nous félicitons – le film dresse un portrait élogieux d’une personne qui a passé sa vie à exploiter des êtres vivants sans relâche, ce qui est précisément ce contre quoi nous luttons.
Si le cirque Ringling Bros. and Barnum & Bailey Circus est désormais fermé après des années de maltraitances infligées aux animaux sous l’impulsion de P.T. Barnum, nous continuons à lutter contre son cruel héritage.
Phineas Taylor “P. T.” Barnum 1851.
Aidez les animaux
Joignez-vous à PETA pour nous aider à faire fermer tous les cirques qui exploitent des animaux. Demandez dès aujourd’hui à votre maire de prendre un arrêté interdisant les cirques animaliers sur le territoire de sa commune :