Foire aux questions
Les réponses présentées ici ne sont en aucun cas les seules possibles : il ne s’agit que de pistes de réflexion.
« Qu’entendez-vous par « droits des animaux » » ?
Lorsque nous disons que les animaux ont des droits, nous entendons qu’ils méritent que leurs intérêts soient pris en compte, peu importe qu’ils soient attendrissants, utiles aux humains ou que leur espèce soit en danger, et peu importe que les humains se préoccupent de leur sort.
Il est utile de rappeler qu’il n’y a pas si longtemps, beaucoup d’humains étaient traités comme des « objets » et que l’on enfermait certaines personnes handicapées dans des établissements parce qu’elles étaient considérées sans valeur pour la société et « gênantes » pour leurs familles. Fort heureusement nous comprenons aujourd’hui qu’aucune discrimination ne doit être tolérée à l’encontre d’une personne, que ce soit sur des critères d’apparence ou d’aptitude physique, son genre ou son âge, et le progrès de notre société passe aussi par le fait d’embrasser l’idée qu’il ne faut pas accepter l’irrespect et la discrimination envers les individus d’autres espèces. Nous pouvons avoir honte ces conceptions obscurantistes et sectaires du passé, mais l’incapacité à s’interroger sur le traitement actuel de ceux que nous percevons comme « différents » est un frein à l’évolution morale de notre société.
« Quelle différence y a-t-il entre « droits des animaux » et « protection animale » ? »
Les associations de protection animale sont attachées au bien-être de l’animal mais acceptent de sacrifier ses intérêts dès lors qu’un humain en retire un avantage dont on estime qu’il en vaut la peine. Ceux qui militent pour les droits des animaux considèrent au contraire que les animaux ont, tout comme les humains, des intérêts qui ne peuvent être sacrifiés pour le simple motif que d’autres individus vont en retirer un avantage. Il n’est pas question pour autant de droits absolus : qu’il s’agisse de droits des animaux ou de droits des humains, des conflits peuvent naître entre certains droits et des limites doivent être posées. Revendiquer des droits pour les animaux, c’est affirmer avant tout que nous n’avons pas le droit de disposer d’eux pour notre alimentation, notre habillement, nos expériences scientifiques et nos loisirs. Les partisans du bien-être animal, eux, acceptent ces utilisations pour peu qu’elles soient réalisées sans cruauté.
« De quels droits parle-t-on ? »
Les animaux ont droit à une égale prise en considération de leurs intérêts. Un chien a indubitablement intérêt à ne pas se voir infliger des souffrances inutiles, par exemple. Par conséquent, il a le droit de ne pas se voir infliger des souffrances inutiles. Mais les animaux n’ont pas pour autant les mêmes droits que les humains pour une raison simple : leurs intérêts ne sont pas forcément les mêmes que les nôtres. Il serait par exemple absurde d’accorder le droit de vote à un chien, car ce droit n’aurait aucun sens pour lui.
« Quels animaux faut-il prendre en compte ? Où se situe la limite ? »
Le célèbre docteur Albert Schweitzer, qui a œuvré tant pour les humains que pour les animaux, ne négligeait pas de remettre dans l’herbe un ver trouvé sur du béton. Conscient de ses responsabilités, il pensait que nous devons tous « juger au cas par cas, avec autant de sagesse et de compassion que possible. » Nous ne pouvons pas supprimer toutes les souffrances, mais ce n’est pas une raison pour n’en supprimer aucune ! Aujourd’hui, le monde dans lequel nous vivons nous offre largement la possibilité de nous nourrir, de nous habiller, de faire avancer la science et de nous divertir sans tuer des animaux.
« Et les plantes ? »
Il n’y a actuellement aucune raison de penser que les plantes ressentent la douleur, car elles n’ont ni système nerveux central, ni terminaisons nerveuses, ni cerveau. La douleur étant un mécanisme de protection (la douleur qu’on ressent en touchant une flamme, par exemple, nous incite à nous éloigner de la flamme), certains pensent que les plantes n’ont aucune raison d’en être dotées. En effet, étant incapables de se déplacer pour se soustraire à un danger, la douleur constituerait un mécanisme inutile. Les plantes sont physiologiquement très différentes des mammifères. Contrairement aux membres des animaux, beaucoup de plantes peuvent être coupées plusieurs fois de suite sans que cela entraîne leur mort. Par ailleurs, même ceux qui veulent préserver les végétaux ont intérêt à opter pour une alimentation végane. En effet, pour fournir un kilo de viande, une vache consomme près de 15 kilos de végétaux : les consommer directement génère donc beaucoup moins de gaspillage.
« Croyez aux droits des animaux si vous le voulez. Mais pourquoi vouloir imposer vos convictions aux autres ? »
Toutes les idées qui ont fait progresser la société ont justement consisté à se mêler de ce que font les autres, à expliquer par exemple qu’aucun être humain ne peut être réduit en esclavage ou que les femmes et les hommes sont égaux en droit. Toutes ces idées ont au départ rencontré l’opposition de ceux qui entendaient perpétuer les pratiques incriminées. Chacun est libre de penser ce qu’il veut tant que cela ne nuit pas aux autres. Vous avez le droit de penser que les Noirs sont nés pour être esclaves ou les femmes pour être inférieures, mais vous n’avez pas pour autant le droit de mettre ces convictions en pratique. Il en va de même pour les animaux.
« Les animaux ne raisonnent pas, ne comprennent pas les droits et n’ont pas toujours de respect pour nos droits. Alors pourquoi devrait-on appliquer ces principes moraux avec eux ? »
L’incapacité d’un animal à comprendre et adhérer à nos règles est aussi peu pertinente que, par exemple, l’incapacité des jeunes enfants à faire de même. Tout comme les enfants en bas âge, la plupart des animaux ne sont pas capables d’adopter un comportement par choix ; cependant les adultes humains ont la capacité de choisir un comportement qui peut ou non blesser autrui.
« Êtes-vous pour ou contre l’avortement ? »
Nous n’avons aucune position officielle sur la question. Chacun se détermine selon sa conscience.
« Il est quasiment impossible d’éviter tous les produits d’origine animale. À quoi bon s’imposer tant de contraintes du moment qu’on provoque quand même de la souffrance ? »
Ce n’est pas parce qu’on provoque de la souffrance sans le savoir qu’il nous est permis de provoquer de la souffrance délibérément. Si j’écrase quelqu’un par accident, je ne vais pas en conclure que je peux délibérément écraser d’autres personnes.
« Avez-vous pensé à toutes les traditions et à tous les métiers qui disparaîtraient si l’on suivait votre raisonnement ? »
L’invention de l’automobile, l’abolition de l’esclavage et la fin de la seconde guerre mondiale ont aussi entraîné des reconversions professionnelles et une restructuration des sociétés concernées. C’est le corollaire du progrès.
« Les militants pour les droits des animaux ne commettent-ils pas des actes de terrorisme ? »
Le mouvement pour les droits des animaux est non violent. Notre combat se fonde sur le refus de porter atteinte à un animal, qu’il soit humain ou non. Cependant, comme dans n’importe quel mouvement d’importance, il peut exister des factions qui utilisent la violence.
« Comment justifier les dégâts s’élevant à des millions d’euros provoqués par l’ALF (Animal Liberation Front) ? »
Pendant la Résistance, beaucoup d’hommes et de femmes guidés par leur conscience ont estimé devoir enfreindre les lois. De même, les militants de l’ALF ont choisi de sauver des vies en détruisant des biens matériels tels que du matériel de laboratoire servant aux expériences scientifiques sur les animaux ou en brûlant des bâtiments vides dans lesquels des animaux ont été torturés et tués. Les « raids » de l’ALF ont permis de faire connaître des actes d’une cruauté inimaginable. À la suite de ces interventions, des laboratoires ont été poursuivis pour violation de la loi et certains ont été définitivement fermés. Une fois connues, les pratiques de certains laboratoires ont été unanimement condamnées par la communauté scientifique.
« Pourquoi passer du temps à défendre les animaux quand il y a tant de gens qui souffrent ? »
Bien des problèmes méritent notre attention, parmi lesquels la cruauté envers les animaux. Nous devons essayer de soulager la souffrance partout où nous le pouvons. Aider les animaux n’est ni plus ni moins important qu’aider les humains : les deux sont importants.
« La plupart des animaux utilisés pour notre alimentation, pour la fourrure ou pour des expériences sont élevés dans ce seul but, n’est-ce pas ? »
Les animaux n’en sont pas moins des êtres sensibles capables de souffrance et de peur.
« La domination de l’être humain sur les animaux est inscrite dans la Bible, n’est-ce pas ? »
Domination n’est pas tyrannie. La reine d’Angleterre « domine » ses sujets, mais elle n’a pas pour autant le droit de les manger ou de pratiquer des expériences scientifiques sur eux. La domination de l’être humain implique plutôt un devoir de protection. Rien dans la Bible ne légitime nos pratiques actuelles de pillage de la nature ou de massacre de milliards d’animaux tous les ans. La Bible invite à respecter la vie. Ce que nous faisons subir aux animaux ne pourrait qu’affliger un Dieu qui est amour.
« Hitler n’était-il pas en faveur des droits des animaux ? »
Non. Les Nazis avaient bien annoncé une loi contre la vivisection, mais elle n’a jamais été votée. La législation de cette époque imposait d’ailleurs de faire des expériences sur les animaux, qui étaient le préalable aux expériences sur les humains. Mais quoi qu’il en soit, la valeur d’une idée ne peut aucunement être jugée en fonction des personnes qui la défendent. Les Nazis ont par exemple lutté contre le tabagisme. Devrait-on pour autant ne plus dénoncer les méfaits du tabac ?
« Pourquoi les animaux des élevages industriels et des laboratoires souffriraient-ils ? Ils n’ont jamais rien connu de meilleur… »
Ne pas pouvoir satisfaire ses instincts les plus élémentaires est source de terribles souffrances : même les animaux emprisonnés dans des cages depuis leur naissance ont besoin de bouger, de faire leur toilette, de s’étirer et de se dépenser. Par ailleurs, les animaux qui vivent spontanément en groupe sont plongés dans une profonde détresse lorsqu’ils sont isolés ou placés dans des groupes trop importants pour leur permettre de se reconnaître. En outre, l’ennui extrême auquel sont confrontés les animaux captifs les conduit parfois jusqu’à l’automutilation ou à d’autres pratiques autodestructrices.
« Si c’était mal d’exploiter les animaux, ce serait certainement illégal, n’est-ce pas ? »
La légalité n’est pas un gage de moralité. Ce sont les législateurs du moment qui décident des lois, sous la pression de l’opinion publique ou pour des motivations politiques. À une époque, le travail des enfants ou le statut inférieur des femmes étaient des pratiques tout à fait légales.
« Êtes-vous déjà allé dans un abattoir ou dans un laboratoire qui pratique l’expérimentation animale ? »
Il n’est pas nécessaire d’avoir visité ces lieux pour savoir ce qui s’y passe. Suffisamment de vidéos y ont été tournées, suffisamment de documents décrivent en détail ce qui s’y passe. Il n’est pas nécessaire d’avoir été directement confronté à un viol ou à la maltraitance des enfants pour dénoncer de tels agissements.
« N’est-il pas vrai que les animaux ne sont pas aussi intelligents ou évolués que les humains ? »
Si le fait d’avoir une intelligence supérieure ne donne droit à aucun être humain de malmener un autre être humain pour servir ses propres intérêts, alors pourquoi les humains se donneraient-ils le droit de malmener des individus non-humains ? Certains animaux peuvent se montrer plus intelligents, plus créatifs, plus réceptifs, plus démonstratifs, plus aptes à communiquer et à utiliser un langage que certains êtres humains, par exemple, si l’on compare un chimpanzé avec un nourrisson ou avec une personne souffrant d’une grave déficience intellectuelle. Faudrait-il pour autant priver ces derniers de droits et en attribuer aux animaux plus intelligents ? Bien sûr que non. Comme le dirait le philosophe britannique du 19éme siécle Jeremy Bentham, « La question n’est pas, peuvent-ils raisonner ? ni, peuvent-ils parler ? mais, peuvent-ils souffrir ? ». La façon de déterminer qui mérite de la protection n’est pas par l’intelligence mais plutôt par la capacité de ressentir la douleur.
« Les animaux ne sont pas plus mal dans les élevages que dans la nature, où ils meurent de faim et de maladie et sont victimes de prédateurs. Dans les élevages, ils sont au moins nourris et protégés n’est-ce pas ? »
Le même argument a été utilisé pour légitimer l’esclavage. On pourrait d’ailleurs l’utiliser aussi au sujet des détenus, mais on considère pourtant la prison comme une sanction. La souffrance des animaux dans les élevages industriels est telle que leur vie ne pourrait en aucun cas être pire dans la nature. Une souffrance éventuelle dans la nature ne justifie pas de leur imposer une souffrance certaine en captivité.
« Pourquoi la nudité dans les campagnes de PETA ? »
Notre mission est de promouvoir les droits des animaux auprès d’un public aussi large que possible, ce qui n’est pas toujours facile. Contrairement à nos opposants, qui sont en général des entreprises et des industries très prospères, PETA ne peut compter que sur la « publicité » gratuite qu’apporte une couverture médiatique. Cette couverture peut être particulièrement difficile à obtenir pour une campagne anti-fourrure, par exemple, car les journaux craignent de voir bon nombre d’annonceurs se détourner d’eux. Cependant, des manifestations hautes en couleur et controversées ont toutes les chances de retenir l’attention des médias.
La première campagne de PETA États-Unis basée sur la nudité a été lancée il y a longtemps à l’occasion de manifestations dont le maître mot était « Plutôt nu qu’en fourrure ! », manifestations auxquelles participaient aussi bien des hommes que des femmes. L’idée faisant son chemin, plusieurs célébrités, comme Kim Basinger, Pamela Anderson ou Pink ont souhaité y participer. C’est d’ailleurs à partir du moment où des vedettes se sont engagées que certaines personnes se sont plaintes de la nudité. La campagne a connu un succès retentissant et PETA US en a conclu que la participation de célébrités permet de toucher davantage de monde. PETA France a compris la leçon.