Hommage funèbre pour le delphineau anonyme de Planète Sauvage
Le 8 juin 2020, le parc animalier Planète Sauvage se réjouissait de la naissance d’un bébé dauphin au sein de sa « Cité Marine ». Le petit est mort seulement quelques jours plus tard, à cause d’une malformation cardiaque selon le parc. Malgré la détresse qui doit être celle de sa mère Amtan suite à cette perte, la vie de ce delphineau anonyme fut sans doute moins triste que celle de ces congénères captifs.
Quand la mort est la seule échappatoire à la captivité
Alors qu’elle était âgée de sept ans, la dauphine Amtan, elle-même née en captivité, a été importée du delphinarium de Harderwijk pour être ajoutée au groupe artificiel de dauphins captifs de Planète Sauvage. Cette dauphine, qui ne reverra jamais sa mère Molly, porte aujourd’hui le deuil de son petit.
Si le delphineau avait survécu, il aurait connu la même vie misérable que sa mère et ses congénères captifs : il n’aurait jamais senti les vagues sur sa peau et n’aurait jamais fait l’expérience de la liberté. Au lieu de cela, il aurait passé quelques années, ou pire, plusieurs décennies, dans un petit bassin en béton, où il aurait été contraint de faire des tours en échange de nourriture.
Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes ont exprimé leur tristesse à l’annonce de la mort de ce bébé dauphin. Mais la tristesse n’est pas ce que nous ressentons, ici à PETA France. Non, après tant d’années de lutte contre la captivité des cétacés, partout à travers le monde, on ne peut ressentir que de la colère face à ce genre de situation – la colère que la mort ait été le seul moyen pour lui d’échapper à une existence infernale se résumant à nager en cercles interminables dans une piscine de Planète Sauvage.
Savoir que cet être innocent ne vivra pas toute une vie de captivité et d’aliénation n’est qu’un maigre réconfort. Il a lui échappé à une vie misérable, mais quand est-il des dizaines d’autres dauphins et orques que la France garde encore captifs ?
La captivité tue – rapidement ou à petit feu
Certains des animaux les plus sensibles et les plus intelligents de cette planète sont arrachés à leurs familles dans la nature par un procédé traumatisant et violent, et sont ensuite vendus au plus offrant comme de simples marchandises. Ils tombent alors entre les mains de la très puissante industrie des parcs marins, dont les revenus se comptent en millions d’euros, et sont forcés de vivre dans de minuscules bassins qui n’ont rien à voir avec leur habitat naturel qu’est l’océan. Un peu partout dans le monde, des parcs aquatiques comme Planète Sauvage, Marineland et SeaWorld obligent des dauphins, des orques et d’autres cétacés à effectuer de cruels numéros pour le simple divertissement du public.
Selon Planète Sauvage, le petit dauphin mâle souffrait d’une « malformation cardiaque ». Quand on sait que la mortalité, et notamment la mortalité infantile, chez les grands dauphins captifs, l’espèce la plus commune en captivité, est plus élevée qu’en milieu naturel (Woodley et al., 1997), on peut se demander si ce n’est pas la captivité qui l’a réellement tué. Les orques et les dauphins sauvages vivent parmi de grands groupes très sociables et nagent de longues distances chaque jour dans les océans. En captivité, ces animaux peuvent seulement tourner en rond dans des bassins dont la taille serait pour un être humain l’équivalent d’une baignoire, et sont aussi privés de la possibilité de se livrer à tout comportement naturel.
La plupart d’entre eux meurent bien en deçà de leur espérance de vie normale, dans des conditions de vie déplorables qui ne font qu’augmenter leur souffrance. En captivité, ces animaux souffrent aussi bien physiquement que psychologiquement. Lorsqu’ils nagent, les cétacés utilisent l’écholocalisation ; dans les réservoirs en béton, les réverbérations de leurs propres sonars rebondissent sur les parois, ce qui peut les rendre fous. Certains vont jusqu’à se limer les dents jusqu’à la racine à force de mâcher les parois de leurs prisons.
Les groupes étant reconstitués de manière artificielle, il arrive souvent que des individus incompatibles se retrouvent enfermés ensemble, sans possibilité de prendre de distance. Incapables de cohabiter, ils peuvent se montrer agressifs et s’infliger parfois des blessures sanglantes. Pour ne rien leur épargner, ils sont également masturbés et inséminés artificiellement afin de fournir un approvisionnement constant de bébés dauphins et orques pour que les parcs puissent les utiliser ou les vendre.
Aidez-nous à mettre fin au calvaire des cétacés captifs
Jour après jour, ces animaux sociaux, sensibles et intelligents sont donc privés de tout ce qui leur est agréable et naturel. En toute malhonnêteté, les humains qui les exploitent affirment que ces animaux font comme partie de leur famille : mais une famille ne kidnappe pas ses membres, ne les enlève pas à leur mère, ne les enferme pas à vie dans des espaces mornes et minuscules ni ne les exploite pendant des décennies pour le profit. Planète Sauvage a annoncé avec « tristesse » le décès du delphineau – ce sont pourtant les mêmes qui n’hésitent pas à faire naître des petits pour ensuite les vendre à d’autres parcs et qui séparent ainsi des familles.
Peu avant Planète Sauvage, Marineland annonçait avec joie la naissance de trois delphineaux – celui né en janvier est mort juste après sa naissance. Tant que la reproduction des cétacés en captivité ne sera pas interdite en France, des animaux comme ces bébés dauphins continueront de souffrir et de mourir. Alors même que le dauphin est une espèce protégée, cette mesure se fait attendre depuis des années et le gouvernement français continue de faire languir ces animaux dans leurs cellules en béton.
Si la mort de ce delphineau anonyme marque la fin de sa courte existence en tant que source de profit pour Planète Sauvage, nous espérons qu’elle marquera également le début d’un nouvel avenir pour les animaux incarcérés dans ces parcs morbides. En attendant qu’ils soient transférés dans des sanctuaires marins qui peuvent leur fournir un semblant de la vie qui leur a été volée pendant si longtemps, nous devons mettre fin à la reproduction des cétacés en captivité.
Honorons la mémoire de ce delphineau anonyme en faisant tout ce que nous pouvons pour que sa mort soit la dernière sur le territoire français :