La consommation de viande de chien à Yulin vous révolte ? Alors devenez végans.
Par Stomy Bugsy
Le solstice d’été approche à grand pas, et avec lui le terrible « Festival du litchi et de la viande de chien » en Chine, mieux connu sous le nom de « festival de Yulin ». L’événement de 10 jours est loin d’être « festif » pour les animaux qui y sont massacrés. Des chiens terrifiés et affamés sont violemment entassés dans des camions avant d’être arrachés à leurs cages pour être suspendus, battus, matraqués et poignardés à mort, puis cuits et mangés. Les statistiques de sauvetage donnent un aperçu inimaginable du nombre de vies en jeu : l’année dernière, la police a sauvé près de 400 animaux d’un seul camion, intercepté alors qu’il se rendait à l’événement.
Est-ce inhumain et cruel ? Oui. Mais est-ce pire que tout ce que nous faisons régulièrement aux animaux ? Non.
En 2020, en réponse à la pandémie de COVID-19 mettant en évidence le risque posé par l’exploitation des animaux, le ministère chinois de l’Agriculture et des Affaires rurales a annoncé que les chiens ne seraient plus considérés comme du « bétail », c’est-à-dire que ces animaux (contrairement aux cochons, moutons, vaches, etc.) ne seront plus élevés pour servir de nourriture. Beaucoup ont célébré cela comme « la fin de Yulin », mais l’événement a repris la même année, défiant les ordres du gouvernement. Alors, une nouvelle fois en 2023, Yulin suscite de vives critiques de la part de personnes à l’intérieur et à l’extérieur de la Chine, qui affirment à juste titre que les chiens sont des individus et non des ingrédients.
Mais j’aimerais profiter de cette occasion pour rappeler aux gens qu’il en va de même pour tous les animaux. Comme je l’ai dit dans une vidéo tournée avec PETA, nous éprouvons tous, quelle que soit notre espèce, l’amour, la douleur, la solitude et la joie – alors pourquoi faisons nous des discriminations entre les animaux lorsqu’il s’agit de leur reconnaître le droit de vivre ?
La réponse s’appelle le spécisme. Comme le racisme, le sexisme et d’autres préjugés, le spécisme est trompeur et n’est fondé que sur des préjugés. Utiliser la force ou le pouvoir pour nuire à un individu est moralement répréhensible, quelle que soit la victime. Condamner d’autres cultures pour leur consommation de chiens tout en ignorant la souffrance des animaux dans les élevages et abattoirs près de chez nous est de l’hypocrisie déguisée en compassion.
Ici en France, plus d’un milliard d’animaux sont abattus pour leur chair chaque année – un chiffre qui n’inclut même pas les animaux marins (qui sont comptés en tonnes et non en nombre d’individus) dont les cadavres gisent sur des étals des marchés et supermarchés. En une seule année, la France élève quelque 17,8 millions de vaches pour leur chair, soit près de 1 200 fois le nombre de chiens tués à l’apogée de Yulin. Tant que nous ignorons cela – appelant à la libération des chiens tout en mangeant d’autres animaux – nous continuerons à participer à un massacre massif et inhumain, à aggraver les problèmes environnementaux et à jouer un jeu dangereux vis-à-vis de l’émergence et de la propagation de maladies comme la grippe aviaire ou porcine.
Lorsqu’on compare la cruauté et la souffrance qu’impliquent la consommation de chair de cochon à celles que provoque la consommation de viande de chien, on voit peu de différences. Les chiens comme les cochons tiennent à leur vie et ressentent la douleur, la détresse et la terreur lorsqu’ils sont exploités, entassés dans des camions et tués pour finir dans nos assiettes, que ce soit en Asie ou ici même. Il n’y a jamais de bonne raison de manger un animal.
Je comprends que manger des animaux est normalisé par nos habitudes, notre culture, la tradition et la publicité. Moi-même je n’ai pas toujours été végan, mais après avoir vu ce qui se passe dans les abattoirs et à quel point les animaux qui finissent dans nos assiettes souffrent, confinés, mutilés, arrachés à leurs familles, privés de tout ce qui est important pour eux avant d’être violemment tués, j’ai défié mes préjugés et j’ai changé ma façon de consommer. C’est aussi simple que ça.
La Chine devrait absolument tout faire pour mettre fin à la consommation de chiens et heureusement des associations sur place sont mobilisées. Mais quand Yulin se terminera enfin, est-ce que nous, occidentaux, nous continuerons à dévorer du foie gras et des plateaux de charcuterie, des côtelettes d’agneau et du poulet frit ? Ou allons-nous ouvrir les yeux sur les justifications que nous nous donnons pour exploiter des animaux afin de manger des morceaux de leurs corps et cesser de nous trouver des excuses ? En tant que père et tout simplement en tant qu’humain, j’espère qu’après m’avoir lu vous choisirez de laisser tous les préjugés – y compris le spécisme – fermement dans le passé et de vous tourner vers un avenir respectueux de tous les êtres vivants.
La bonne nouvelle est que vous n’avez pas besoin de voyager jusqu’en Chine et d’y sauver des chiens de Yulin pour avoir un impact positif. Vous pouvez aider à effacer les lignes imaginaires que nous traçons entre les espèces simplement en choisissant de manger et consommer végan. Révoltez-vous contre ce qu’il se passe à Yulin, vivement et par tous les moyens. Mais ne le faites pas en plantant votre fourchette dans un morceau de cochon, de vache, de poulet ni de tout autre animal.
Stomy Bugsy est un rappeur, acteur, père et végan engagé qui soutient le droit de tous les animaux – quelle que soit leur espèce – à vivre sans peur ni douleur.